Beaux ! Forts ! Vêtus de pyjamas moulants ! Tels sont les Wonderfuls 101 !

Selon moi, The Wonderful 101 représente la crème de la crème sur console en 2013. Il est ce qui se fait de plus complet en matière de jeu vidéo. Pourtant, il a fait un flop commercial incroyable et certains diront : « Il est sorti sur la mauvaise console ! » Mais je dirais, au contraire, qu'il ne pouvait sortir que sur la Wii U. 

The Wonderful 101 (TW101) est le dernier né d'Hideki Kamiya. Il appartient au genre des Beat Them All (BTA) ou en français "Battez-les tous". Pour résumer, vous incarnerez un groupe de héros dont le nombre pourra s’élever jusque 101 simplement pour botter le cul des méchants envahisseurs venus de l'espace. Parmi ces 101 héros, il en existe 7 qui sont les protagonistes de l’histoire. Chacun d’eux possède une arme spécifique : le poing, l’épée, le fouet, le marteau, la griffe, le pistolet et la bombe. Pour l’utiliser, il vous suffira de dessiner son symbole sur l'écran du gamepad. La subtilité réside dans le fait que nos héros utilisent l'uniformisation afin de créer leurs armes en version géante. Ils s'assemblent pour les former : plus vous aurez de héros, plus vous créerez de grandes et de puissantes armes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, à cause de son apparence, TW101 est un jeu très technique et très exigeant, surtout en mode normal. Il vous faudra apprendre à bien jongler entre les différentes armes et techniques de chaque héros, si vous souhaitez obtenir le meilleur score mission après mission. A l’opposé des autres jeux du genre, TW101 ne fonde pas son gameplay sur les combos mais sur l'alternance entre ces différentes armes. Il vous faudra certainement du temps pour saisir toutes les subtilités de ce système. D'ailleurs, toute cette subtilité sera encore plus apparente lorsque vous recommencerez le jeu.

TW101 sait également varier les phases de jeu. Il ne sera pas rare de prendre le contrôle d'un vaisseau et de passer en mode Shoot them up pendant quelques périodes du jeu. Il se prend même, par moment, pour un simulateur de boxe ! Pour ce qui est du level design, TW101 s'en sort bien. Les niveaux sont bien conçus, plutôt variés et ils se développent aussi bien à l'horizontale qu'à la verticale ; je n'ai donc pas eu l'impression d'arpenter un long couloir ennuyeux. De plus, ils sont remplis de bonus à trouver (des nouveaux héros, des dossiers à collectionner, des figurines, etc.). La diversité des décors et des situations immergent le joueur dans ce jeu atypique. Malheureusement, la caméra se montre parfois capricieuse et sera sûrement une source de frustration pour les joueurs les moins expérimentés, mais globalement je n'ai pas trop eu à m'en plaindre, rien de rageant ou de très handicapant. Qui dit Wii U, dit gamepad - la fameuse manette/tablette. Ici, elle est bien utilisée. Evidemment, vous pouvez jouer uniquement sur le gamepad. Sinon, elle sert à afficher des menus et elle sera mise à profit lors de certaines séquences : lorsque l’on entre dans un bâtiment, par exemple, il faudra regarder le gamepad pour suivre nos héros en collants. Une utilisation plutôt bonne et bien pensée en termes de game design mais qui peut dérouter. TW101 est très agréable à l'½il pour peu qu'on aime sa direction artistique ! Techniquement il est loin d'être impressionnant mais j'ai beaucoup aimé le rendu visuel global : le jeu est très coloré et il ne souffre que très rarement - pour ainsi dire jamais - de ralentissements, malgré le nombre de personnages à l'écran. Pour arriver à ce résultat, des concessions ont dû être faites. Ainsi, en pleine action la modélisation des personnages laisse un goût amer alors que, lors des cinématiques, la modélisation est déjà plus flatteuse pour nos rétines. Malgré tout, ce n’est pas trop handicapant grâce à l’angle de caméra utilisé dans le jeu.

Coloré, assumé et déjanté sont les termes qui conviennent pour parler de la direction artistique de TW101. La principale influence est bien évidemment les Super Sentaï, très populaires au Japon, leurs versions occidentales étant les Power Rangers. Mais, l’on peut aussi citer les mangas et Viewtiful Joe, un autre jeu de Kamiya-San. La mise en scène est très convaincante et celle des phases de dialogues rappelle les mangas alors que les scènes cinématiques possède ce cachet typique de Platinium Games et de Kamiya-San : dynamique, ultra stylisé et drôle ! Un des éléments forts de l’ambiance de TW101 est l’humour ! Chaque héros répond à un archétype précis : le chef charismatique, la jolie fille très caractérielle, le ténébreux et sa grosse épée, le gros balèze timide et bien d’autres. Ces archétypes sont utilisés pour le plus grand plaisir de nos effusions jubilatoires et ils ne sont pas ressentis comme des clichés. Ils sont au service de l’humour et participent pleinement de cette ambiance particulière en totale adéquation avec le visuel coloré. En somme, du bonheur en barre ! Nous avons également un héros français – cocorico – qui se fait souvent appeler – ô originalité – « baguette », « béret » ou encore, pour les fêtes de Noël, « foie gras » ! Passeront un excellent moment, ceux qui aiment ce genre d’ambiance, mais si ce n’est pas votre tasse de thé, puisse le gameplay du jeu compenser cela ! En ce qui concerne la bande son, j’ai trouvé celle de TW101 de qualité sans être exceptionnel : la musique fait son office en étant entrainante durant les combats et voluptueux le reste du temps. Le doublage anglais est vraiment réussi et il renforce d’autant plus l’immersion : rien ne serait pire que d’entendre des doubleurs peu convaincants pour un jeu si atypique !

Dernier aspect du jeu qu’il fallait traiter : le scénario. Eh bien, non ! le scénario de TW101 est loin d’être exceptionnel. Nous sommes dans le très classique et très cliché : des extraterrestres viennent envahir la Terre et les Wonderful 101 devront lutter contre cette invasion, ce qui est la partie visible de l’iceberg. Ce qui est à souligner est le fait que le scénario soit construit : on trouve une introduction, un élément perturbateur, des péripéties, des rebondissements, des révélations et une conclusion. Cela paraît logique mais les BTA n’ont pas toujours été dotés d’une construction scénaristique aussi solide. L’histoire est plaisante et j’ai eu le sentiment qu’elle n’avait pas été faite à la hâte et, bien que décalée, elle existe.

TW101 fut un échec commercial et un semi-échec critique. Beaucoup de testeurs ont jugé le jeu trop difficile à manier, à cause des problèmes de caméra par exemple. Je pense qu’ils sont passés à côté de l’intérêt du jeu. TW101 n’a pas été réalisé avec les normes de l’époque : le jeu est exigeant, difficile, et il ne se laisse pleinement maîtriser qu’après une première partie. Véritable OVNI, il est l’exemple du jeu complet et aucun de ses aspects ne semble avoir été délaissé jusqu’aux bonus à collectionner (artworks, musiques, modèles 3D, etc.).

Plusieurs mois après l’avoir terminé, voici ce que je retiens de TW101 : un jeu vidéo complet, un modèle d’équilibre entre tous ses aspects et, bien qu’il ne soit pas parfait, il est atypique et généreux. Ainsi, je le considère comme l’un des meilleurs jeux de l’année 2013.

 

Waylander